
Jeunesse
Wei Feng est né en 1968 à Canton, dans une période de turbulences politiques en Chine. Fils illégitime d’un cadre du Parti communiste chinois, un homme influent dans les cercles gouvernementaux de la région, et d’une mère qui travaillait comme hôtesse dans un karaoké local, Feng a grandi dans un environnement ambigu, entre l'autorité du pouvoir communiste et la réalité brutale de la classe inférieure. Son père, qui vivait une double vie, était à la fois un fonctionnaire loyal au Parti et un homme avec des connexions profondes dans les affaires de la ville, où la corruption et les relations de pouvoir étaient monnaie courante.
Sa mère, en revanche, était une femme de caractère, une survivante dans un monde où le travail de nuit et les relations douteuses étaient souvent nécessaires pour maintenir une famille à flot. Elle a élevé Feng seule jusqu’à ses 5 ans, avant que son père ne commence à s’impliquer davantage dans sa vie, mais de façon intermittente et en étant souvent absent.
La main qui frappe peut briser. La violence n'est pas la faiblesse du coeur.
Ceux qui hésitent tombent.
Ceux qui agissent règnent.
Les premières années de Wei Feng furent marquées par l’absence émotionnelle de son père et l'instabilité qui en résulta. Sa mère, bien que distante dans son rôle parental, lui transmit une résilience de fer. Très tôt, Feng fut témoin des inégalités qui existent dans la société chinoise. Un fossé béant entre les élites communistes et ceux qui, comme sa mère, se battent pour survivre dans les marges.
À l’âge de dix ans, Feng fut confronté à un monde bien plus complexe que celui des enfants de son âge. Il se lia d’amitié avec des enfants de familles issues du crime organisé. Ces jeunes, dont les pères étaient liés à des réseaux criminels locaux, l'introduisirant à un univers de racket, de jeu illégal et de contrebande à petite échelle. Feng commenca à comprendre que l’argent, dont il manquait cruellement à la maison, était une clé pour accéder à des privilèges, à la reconnaissance et à la sécurité. Mais au lieu de se laisser séduire par la facilité apparente de l’argent sale, il développa une approche stratégique de la vie. Il commenca à observer, à analyser, les mouvements de ceux qui contrôlaient réellement la ville.
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L’adolescence de Wei Feng fut celle d’un autodidacte. À l’école, il se distingua rapidement par ses capacités intellectuelles et ses réflexions affûtées. Contrairement à la majorité de ses camarades, il n’eut pas besoin de plaire aux enseignants ni de jouer un rôle pour se faire remarquer. Son charisme grandissant et sa capacité à analyser les relations humaines le rendirent populaire, mais il ne se laissa jamais totalement approcher. Il nourrit en secret son ambition de sortir de la pauvreté et de construire une puissante position sociale, mais il savait que cela passerait par des alliances complexes et une compréhension fine du pouvoir.

À seize ans, Feng quitta l’école pour travailler dans le commerce illégal sous la supervision d’un ancien membre des Sun Yee On, une triade influente de Hong Kong. Ce mentor, un homme du nom de Liu Han, fut celui qui lui ouvrit les portes du monde criminel organisé. Feng apprit les bases du blanchiment d'argent, de la gestion de fonds illicites et des transactions scrètes, ainsi que des principes de contrôle de la violence et de l'influence sociale. Liu Han devient son modèle, mais Feng ne se contenta pas de suivre ses enseignements. Très tôt, il révéla des talents certains pour la manipulation des réseaux et pour son évitement de la brutalité pure, qui caractérisait beaucoup de gangs.
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Après de nombreuses années passées à observer les manœuvres du monde criminel, Wei Feng se rendit à Hong Kong, où il fut officiellement initié aux Sun Yee On. Le groupe était alors en pleine transition, passant d'un contrôle direct de la rue à des investissements plus sophistiqués dans le casino, l'immobilier, et le financement souterrain.
Feng, grâce à son intelligence tactique, grimpa rapidement les échelons. Son mentor, Liu Han, l’introduisit dans des cercles où son statut se négocia en termes d'années, où la violence directe était l'un dernier recours et où les alliances avec des hommes d’affaires légitimes étaient au cœur de l’approche stratégique des triades. Feng devint un intermédiaire entre le monde du crime et celui des élites économiques.
